Cela fait longtemps que je me disais qu'il fallait que j'essaie de représenter un peu mieux le théâtre dans cette partie où le cinéma prend toute la place
(j'aime aussi beaucoup le cinéma, ceci étant dit). J'attendais d'aller voir une pièce intéressante, mais à vrai dire en ce moment et bien malgré moi je ne vais pas beaucoup au théâtre. J'ai tout de même vu récemment "Pygmalion", dont l'un des comédiens principaux va venir dans mon école de théâtre parler de son métier. Disons que ce n'est pas avec un enthousiasme débordant que je vais vous parler de cette pièce et que ce n'est pas nécessairement ce genre de théâtre, qui peut se payer une campagne de publicité conséquente et met en avant ses têtes d'affiche, que je souhaite défendre... Mais la pièce était je trouve plutôt sympathique.
Pour qui ne connaît pas le texte de Shaw, c'est au moins une bonne découverte du texte. L'histoire: un linguiste renommé ramasse dans la rue une petite marchande de fleurs qui parle comme une charretière et fait le pari de l'éduquer de telle sorte qu'elle puisse passer pour une grande dame dans un salon. "My Fair Lady" a été inspirée par cette pièce.
Le titre fait référence à un personnage mythologique, Pygmalion, qui ayant sculpté une femme magnifique en tomba éperdument amoureux. Aphrodite décida alors de donner vie à la statue, appelée Galatée.
Ceci étant dit, même si certaines répliques sont savoureuses, qu'on rigole beaucoup notamment en première partie de la pièce, je trouve que le texte a mal vieilli.. Ca arrive...
Le théâtre Comédia où se joue la pièce est un de ces théâtres privés du côté de Strasbourg-Saint-Denis que je n'aime pas. Les théâtres de ce coin-là sont en règle générale des théâtres où les places sont chères (même avec billet-réduc, des cartes d'étudiants, des cartes d'écoles de théâtre, tous les filons que vous voulez, vous paierez la place perchée au poulailler une vingtaine d'euros... à moins de connaître un ouvreur, mais malheureusement je n'en connais pas dans tous les théâtres
). Les pièces données sont souvent des classiques, des vaudevilles: surtout ne prenons pas de risque. Et surtout les campagnes d'affichage sont basées sur la mise en avant de la frimousse de telle ou telle star, histoire que les gens qui ne sont pas habitués au théâtre et les touristes qui pour une fois qu'ils sont à Paris veulent se faire une sortie théâtre (j'inclus, malheureusement, mes parents
) soient plutôt attirés par ces spectacles que par le programme de Chaillot ou du Rond-Point, qui non seulement sont des théâtres bien moins chers (8 euros 50 la place au Rond-Point avec la carte Imagine R et sans être mal placé. Enfin en même temps forcément ce n'est pas un théâtre à l'italienne et c'est fait de telle façon qu'on y voit de partout donc bon...), mais en plus proposent à mon sens des spectacles autrement plus intéressants, neufs (sans relever forcément de l'ultra-contemporain expérimentalo-incompréhensible), vivants.
Bref... Le théâtre Comédia ayant donc, comme vous l'avez compris, de l'argent, les décors sont imposants (je ne dirais pas somptueux tout de même faut pas exagérer) et ultra réalistes. La mise en scène, assurée par Nicolas Briançon, ne se devine même pas et je soupçonne malheureusement que ce n'est pas parce qu'il a fait un travail formidable que les comédiens ont tellement intégré qu'il ne se voit plus mais bien plutôt que travail de mise en scène il n'y a pas vraiment eu...
Alors quoi de bien dans cette histoire? Depuis mon poulailler je devinais plus que ne voyais les expressions du visage des comédiens (ce qui est assez pénible je dois le dire) mais malgré tout (et c'est bien le but du théâtre que de projeter jusqu'au dernier rang rire, émotions et tout le toutim) le jeu de Barbara Schulz et Nicolas Vaude est vraiment bon je trouve. Aucune subtilité n'est escamotée, tout passe jusqu'au dernier balcon. M. Vaude dans son personnage de linguiste obsédé, sec, insupportable en public, misanthrope qui découvre l'amour mais a beaucoup de mal à lutter contre sa propre nature est agaçant à souhait, mordant, exigeant, insupportable et par là-même attendrissant. Mme Schulz sait respirer la naïveté, virevolte et étourdit au début de la pièce... et à force d'application devient une "lady" tout à fait autre, posée et réfléchie, qui a pris conscience car elle n'était pas bête d'énormément de choses. Mention spéciale à Danièle Lebrun, même si elle n'a pas un énorme rôle. Par contre, ils auraient pu se passer de faire exécuter à chaque changement de décor par la bonne une mini chorégraphie même pas assumée.. Bref.
Bon, voilà. Ca se joue jusqu'au 31 mars. Si vous pouvez aller voir autre chose, je vous conseille pas cette pièce en priorité. Mieux vaut tenter deux fois l'inconnu à 10 euros que de se dévisser le cou à 20 euros... Mais si vous voulez une sortie théâtre familiale ou amicale "sans risques", pourquoi pas?